mercredi 20 juin 2012

Massey Fergusson


                                                   
Le boulot,quand  y’en a plus, y’en a encore. C’est sans fin. Du tralalala sur des tartines de pain, de l’opus de doux dingues;des ampoules éclairant le fond des mains. On se couche le soir, dos plat sur le matelas, colonnes vertébrales à vif, zygomatiques  à l’arrêt, sur l’oreiller, on ronfle entre deux apnées. Nos pieds sont restés dans les champs entre deux ballots de paille et une fourche. On est montés sur la remorque, descendus de la remorque; remontés en se tenant les reins pendant que le soleil nous mangeait le dos. Lucienne a conduit le tracteur toute la journée, de temps en temps une brise légère soulevait sa robe. 

                     Extraits de ' Bleu blanc rouge' Brèves littéraires LPG 

jeudi 7 juin 2012

"Des nouvelles du pays"


           Les platanes perdaient-leur écorces. Ça ne les fait pas mourir, c’est beau, c’est blanc en dessous, c’est lisse. Justin tenait la main de son petit fils, la petite menotte laissait gigoter ses doigts dans la vieille main. Tu vois, les platanes sont alignés en trompe l’œil on les voit de loin, un jour quelqu’un a voulu les couper, les autres l’en ont empêché. Il fallait du bois, le charbon était cher, il a dit qu’on n’avaient rien compris, qu’on était des abrutis, des sales chiens. Le petit trouve ça drôle, ses doigts gigotent encore plus, il tente d’extraire sa main de la pression sécuritaire pour courir un peu mais Justin serre et va doucement le long de la route droite. Encore deux kilomètres pour arriver à Saint Martin, le petit serait très fatigué en arrivant là-bas, il ne pourrait pas le porter. 

Saint Martin était escarpée, une union de collines, des forêts mousseuses protégeaient le village. Des fougères épaisses couvraient généreusement les fossés calamiteux. Jusqu’au cimetière, des champs, des champs, des champs. Il faisait chaud, la moisson battait son plein, des terres agricoles fertiles, grasses, noires, sous la paille couchée. Des hommes au loin sur la remorque s’affairaient dans la sueur de leur chemise. Ils s’étaient tu en voyant arriver Justin, le petit pleuraient sa mère, ils lui proposèrent un bonbon. Justin annonça qu’il avancerait jusqu’au café pour leur dire ce qu’il avait à leur dire. Les histoires de grands sont effrayantes, en arrivant, Justin poussa gentiment l’enfant dehors, lui demanda de s’asseoir et d’attendre un peu.

Les hommes s’étaient installés au comptoir, il prit une bière et l’avala cul sec avant de parler.

«  - Ils sont arrivés ! Ils ne sont pas comme nous ! Ils sont comme à la télé, sauf qu’ils ont les mêmes voitures que nous ! Et leurs femmes ? Au moins quatre gosses par femmes, plus un dans le bide et c’est nous qui payons ça !

Justin reprit une bière et un orangina pour le petit toujours assit sur sa marche.

-         C’est pas ça le pire. Le pire c’est qu’elles sont complètement voilées, un truc devant, là comme ça, on ne voit que leurs yeux ! ça devrait être interdit !

-         Ils restent où finalement ? Le maire dit qu’ils ne sont pas de passage, qu’ils vont s’installer. Qu’ils sont français. Qu’ils feront peut être un peu de bruit.

-         Qu’est-ce qu’ils ont comme meubles aussi reprit-il en finissant sa bière, je les ai vu décharger le camion !

Les gars écoutent. La télé ne raconte pas de mensonges, ils ont dit qu’ils viendraient un jour chez nous. Ils ont dit que ce serait compliqué, que les charcutiers foutaient tous le camp et que les boulangers vendraient du pain noir.


                                                             Laurette Petit Georges  extrait  "Des nouvelles du pays"

mercredi 6 juin 2012

11 septembre










11 septembre
11
11
11
11
11
11
11
11
Onze septembre
11
bouffer la télé
11
colmater l'ulcère
d'ingérence
11
se voiler la face
d'un linge pâle
11
boire du thé
toucher l'heure
du bout des doigts
11
11
11
11
11
11
11
11
             11 11 11 11 11 11 11 11 11 11 11 11 11 11 11 11 11 

                                                                                                                  LPG

lundi 4 juin 2012

Bonne fête maman




 Bonne fête maman
Voilée
Dévoilée
Revoilée
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Ce fichu
C’est fichu
Fichus à fleurs
Fichus à beurs
Fichus à peurs
Fichez la paix
Aux fichus des fées
Aux fichus défait
Traînant au sol
Au ras le bol
En une obole
Pour l’école
Bonne fête maman
                                 LPG