jeudi 31 janvier 2013

Rue Mouftard




                                       Elle pleure la siphonnée du huitième
Elle pleure son heure énième

Front collé à la vitre unique

Elle boit son Paname onirique



Et sa tête tourne comme un manège pure sang

Carrousel trouble aux reflets d’argent

                          Réfléchissant la rue marchande criarde

                           Aux passants débordés aux filles musardes



       Putain de vie chagrine mon heure

    Se dit-elle à toute heure



   Et les autos paniques glissent sur la chaussée

      Aux pavés anthracite tout mouillés

                       Et les chevaux galopent sur le toit aux chats

Miaulant griffant à tour de bras



Putain de vie chagrine mon heure

     Se dit-elle à toute heure



Et Paris se moque se mouche dans la vitre 
Dans la vitre unique


Laurette

01/06/04

dimanche 20 janvier 2013

Le fil



Il y avait des lettres. Non ! C’était d’abord des chiffres. Des chiffres et puis des lettres. Un tableau. Un tableau dans une télé posée sur une table à roulettes. Une table à roulettes plastique bordeaux, télé dessus, cactus dessous. Et puis un napperon de dentelle. Non ! pas un napperon de dentelle.  « Le » napperon de dentelle, celui qui pend encore dans le vide. Pend encore dans le gris. Le gris de la couleur du temps qui passe.  Qui passe dans l’horloge,  dans le crochet qui s’agite autour du fil. Qui fait des rosaces. Des rosaces. Des rosaces. Des doubles, des triples brides, des chaînettes. Ça s’affaire rudement. Y’a à faire dans les carrés, et puis ce souffle de la bouche. Ce souffle entre les dents serrées. Le thé brûle la tasse, la langue. Des mailles à l'envers. Envers. Maille à l’endroit. Endroit. Le jersey sur les genoux attend son tour. Un chat sous la chaise, pelote dansant sous la griffe. Soudain la buée sur les demi-lune appelle le mouchoir. Pincement de narines entre deux lettres. Les yeux dans la télé furètent l’horizon du plateau, le crochet s’évanouit un instant. Six lettres. Jingle.

lundi 31 décembre 2012

Du râble



 
LPG
 Une dame dans sa peau d’gosse
Promène son lapin dans un carrosse

Pauvre gosse dans sa peau d’gosse

Le lapin dans le carrosse a les yeux rouges

Des yeux rouges dans un pelage blanc
Des yeux rouges qui regardent l’enfant

Tour de manège dans un carrosse beige
Pour le lapin russe blanc comme neige

Dans les bosses le carrosse bringuebale
Peau d’gosse trimballe sa marmaille
Dans les chaussures les pieds godaillent

Chope le pompon gamine
Avant que ça te mine
Encore un tour pour ton lapin
Un petit tour avant demain
                                                                    LPG

Le roi soleil

LPG


                                
 J’ai craché à la figure du soleil
Je le trouvais trop pâle
Je le trouvais trop blême
Alors vexé il s’est mi a briller
Et je me suis excusé
«  - Je suis un peu fatigué m’a t-il dit
Sans pleurer
L’exigence des hommes est sans fin
Alors je brille chaque lendemain
Car je suis leur divin
Plus de pluie
Point de vent
S’agit-il d’un mouvement ?
S’agit-il d’un changement ?
Ou encore d’un tourment ?
Mais je m’égare Madame
Mes rayons déclinent déjà
Me ressaisir encore une fois
Sans pâlir je n’ai le choix
C’est ça être le roi »

                                                                    17/02/03  LPG

Soldes



  
Je marche sur la ouate
Léchant la vitrine de la vie à l’avenir soldé
Derrière moi scandent les derniers cris
Avis à vie liberté chérie

Sauvons la boite

Sur des banderoles colorées
L’encre pisse l’écrit
Sur le va nu-pieds
A la gourde au ras
Devant moi l’alarme
Mais on passe son tour
Quant à la vue du prix
Alors on piétine
Alors on avance
Doucement dans la ouate
Le dos étiqueté
Le visage agrafé
Et dans le rang
On cherche


                                                                                   LPG
                                                                              03/07/04